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Radioactivité et mines d’amiante : risques sanitaires, cadre réglementaire et mesures de gestion
- milarepa Delasag
- 15 sept.
- 3 min de lecture
1) Contexte et cooccurrence géologique
L’amiante se rencontre souvent dans des roches ultrabasiques et métamorphiques (serpentinites, péridotites, métagabbros). Ces formations peuvent contenir des minéraux accessoires enrichis en uranium (U), thorium (Th) ou potassium-40 (K-40). Cette cooccurrence amiante–éléments radioactifs peut conduire à une exposition conjointe aux fibres d’amiante et aux sources de radioactivité naturelle.
2) Risques sanitaires détaillés
A — Inhalation de radon et produits de décroissance
La désintégration de l’uranium et du thorium libère du radon (Rn-222, gaz radioactif). Dans les galeries, haldes ou bâtiments proches, il peut s’accumuler et être inhalé. Ses descendants (polonium, plomb, bismuth) émettent des particules alpha, augmentant le risque de cancer bronchique, surtout chez les fumeurs.
B — Poussières mixtes amiante + radionucléides
Les opérations d’extraction, concassage ou remaniement des stériles peuvent produire des poussières contenant à la fois des fibres d’amiante (fibrogènes, cancérogènes) et des particules radioactives (uranium, thorium). L’inhalation représente un risque combiné.
C — Ingestion / contamination des eaux
Les lixiviats provenant des haldes peuvent mobiliser des radionucléides solubles et contaminer les eaux de surface ou souterraines, entraînant une exposition chronique par ingestion ou via la chaîne alimentaire.
D — Exposition externe (irradiation gamma)
Des amas de stériles riches en uranium ou thorium peuvent émettre un flux gamma, exposant les travailleurs ou riverains, bien que ce risque soit souvent secondaire par rapport à l’inhalation.
E — Populations à risque
Travailleurs d’exploitation ou de réhabilitation, intervenants sur haldes, riverains habitant dans des bâtiments peu ventilés, fumeurs (risque synergique radon-tabac).
3) Textes réglementaires et normes applicables (France / UE)
Directive 2013/59/Euratom (BSS) : principes de radioprotection, gestion du radon et des expositions naturelles.
Réglementation française radon : transposition de la directive, zonage radon (zones 1 à 3), obligation de mesurage dans certains établissements recevant du public.
Réglementation amiante : interdiction d’usage, repérage obligatoire, valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) et règles strictes de protection des travailleurs.
Valeurs de référence radon : recommandations internationales autour de 100 Bq·m⁻³ pour l’habitat, avec un maximum de 300 Bq·m⁻³ si la première valeur n’est pas techniquement atteignable.
Guides et recommandations nationales (ASN, IRSN) : méthodes d’évaluation et de surveillance des anciens sites miniers, suivi radiologique, gestion des résidus.
4) Surveillance recommandée
Cartographie et diagnostic : étude géologique et identification des zones à potentiel radon.
Mesures de radon : suivi de longue durée dans galeries, bâtiments et habitations proches.
Analyses de sols, poussières et eaux : gamma-spectrométrie, radiochimie, mesure des fibres d’amiante.
Suivi professionnel : contrôle des empoussièrements, respect des VLEP amiante, suivi dosimétrique si nécessaire.
Évaluation radiologique globale : calcul de dose effective toutes voies confondues (inhalation, ingestion, irradiation).
5) Mesures d’atténuation et de gestion
Réduction des poussières : humidification, confinement, équipements de protection respiratoire adaptés.
Contrôle du radon : ventilation des galeries et des bâtiments, étanchéification des sols, dépressurisation si besoin.
Gestion des haldes : recouvrement, stabilisation, drainage contrôlé et traitement des lixiviats.
Réhabilitation et information : plan de réaménagement conforme aux prescriptions réglementaires, communication transparente aux riverains.
6) Points clés
Les risques liés à l’amiante et à la radioactivité peuvent se cumuler.
Les mesures prioritaires incluent la cartographie géologique, la mesure du radon, l’analyse des sols/eaux et le suivi des poussières.
Le respect de la réglementation européenne et française sur le radon et l’amiante est essentiel pour la protection des travailleurs et des populations.
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