
Comprendre les principes de la décontamination
Méthodes de décontamination
1. En fonction du type de contamination
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Contamination surfacique (particules déposées)
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Nettoyage humide : lavage avec solutions (eau, réactifs chimiques, agents tensioactifs).
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Essuyage : lingettes imprégnées de solvants ou de tampons spéciaux.
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Abrasifs légers : vernis, pâtes à polir pour surfaces dures.
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Contamination pénétrante (dans matériaux poreux)
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Laser ablation : pour supprimer les fines couches contaminées.
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Décontamination chimique : plongeon dans des bains acides ou alcalins.
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Contamination gazeuse ou aérosols
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Filtration HEPA/charbon actif : dans circuits ventilés, hotte, gants ou locaux confinés.
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Contamination interne
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Humanitaire : chélateurs (DTPA, EDTA) pour éliminer les radionucléides circulants.
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2. Selon les radionucléides
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Radionucléides alpha (uranium, plutonium) – fortement toxiques en interne :
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Priorité à l’enlèvement efficace des particules : essuyage humide, abrasion, traitement chimique, laser, puis filtration.
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Beta/gamma (césium‑137, cobalt‑60, iode‑131) – irradiants externes :
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Ion exchange (échange d’ions), lavage chimique suivi d'étanchéité et vitrification des déchets.
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Tritiated water (H‑3) – contamination difficile à éliminer :
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Distillation, échange d’ions ou électrodésalinisation selon concentration & usage.
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3. En fonction du type de rayonnement
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Alpha : faible pénétration — surfaces / poussières balayées.
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Beta : équipements de protection, filtres spécialisés.
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Gamma : blindages et distance ; la décontamination s'attache surtout à diminuer l'activité résiduelle.
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Neutron : cas très spécifique, rarement concerné hors physique.
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Techniques avancées et innovantes
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Plasma atmosphérique (ex. plasma RF + CF₄/O₂) : supprime ~ 90% de contamination actinidique in situ, utilisé sur plastique, métal, verre observatoire-regional-risques-paca.fr+3reddit.com+3independentwho.org+3.
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Laser ablation robotisée : applications en centrales, réacteurs, gants robotisés pour accès confinés.
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Bioremédiation : micro‑organismes ou algues se fixant sur radionucléides en milieu humide, encore surtout à l’étude.
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Vitrification in situ : masse fondue en verre pour encapsuler déchets imprégnés dans matériaux variés.
Accidents en France – état des lieux
Selon l’IRSN & l’ASN, la France n’a jamais connu d'accidents de niveau 5 ou plus. Les plus graves :
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Saint-Laurent-des-Eaux
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Oct. 1969 : fusion partielle de 50 kg d’uranium – INES niveau 4
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Mars 1980 : fusion partielle A2 (~20 kg) – INES 4; entraînant contamination locale, efforts intensifs de décontamination et blindage au plomb .
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Autres incidents (niveaux 2/3) :
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1981 – incendie silo La Hague (niveau 3)
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1994 – explosion chimiques à Cadarache (niveau 2) independentwho.org+11wikiland.org+11fr.wikipedia.org+11.
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2004 – inhalation de particules à Fessenheim (niveau 1)
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2008 – irradiations gammatographiques (cobalt‑60), incidents au Tricastin & Forbach (niveau 1/2)
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2009 – crues inondant circuits de refroidissement à Cruas (niveau 2) fr.wikipedia.org+15irsn.fr+15linfodurable.fr+15.
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2011 – explosion à Marcoule (4 blessés) – niveau 1 sans rejets majeurs wikiland.org.
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Annuellement, environ 100 événements de niveau 1 et près de 1 000 de niveau 0 sont déclarés en France
En résumé
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Les décontaminations varient selon la nature du radionucléide, le type de rayonnement et le milieu affecté.
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Des techniques classiques (lavage, essuyage, filtration) coexistent avec des méthodes innovantes (plasma, laser, vitrification, bio‑solutions).
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La France a évité les accidents majeurs (>Niveau 4), mais a connu des incidents sérieux dans les centrales et installations spécialisées.
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Les efforts de décontamination restent indispensables, appuyés par une stricte régulation et un retour d’expérience via l’ASN/IRSN.
Différentes techniques de décontamination
1. Laser impulsionnel (ex. Padawann pour tritium)
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Principe : le laser retire par ablation la fine couche contaminée, déposée sur métaux ou poussières.
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Avantages :
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zéro effluent liquide,
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retrait à distance,
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haute efficacité spécifique.
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Limites :
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inefficace sur surfaces très irrégulières ou piquées (nécessite un ponçage préalable)
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Cas pratique : le procédé « Padawann », développé par le CORIA et le CEA, utilise un laser pulsé pour éliminer toutes traces de tritium sur pièces métalliques et poussières, avec financement de 1,9 M € dès février 2023
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2. Plasma atmosphérique (APPJ)
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Principe : génération d’un plasma chaud d’argon + CF₄/O₂ ; les radiaires sont volatilisés chimiquement.
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Efficacité : atteint ~ 92 % d’enlèvement de matières actinidiques (simulant Pu) sur surfaces comme le tantale .
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Cas pratique : dispositif adapté pour les gants box et composants internes contaminés, souvent lors du démantèlement.
3. Sablage à sec / humide & nettoyage chimique
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Usage : équipements en acier inox (canalisations, chaudières), béton, blindages.
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Résultats :
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70 % de réduction d’activité pour l’inox/Al à vapeur/ultrasons .
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Sabotage humide/lavage chimique intempestif produit beaucoup de résidus – souvent préférer sablage à sec
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Terrain : centrale Flamanville, piscine réacteur n°1 vidée : rinçage à mousse, écoper manuellement les effluents, essuyage à la main — opération de 19 h au lieu de 6, avec contamination résiduelle
4. Laser à fibre et systèmes commerciaux
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Technologie CleanTech de Laser Photonics (100–2000 W) : laser à fibre nanoseconde, avec aspiration HEPA.
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Points forts :
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automatisé, pas de consommables,
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pas de déchet secondaire, réduction de l’exposition humaine,
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adapté à tuyaux, outils métalliques, blocs de béton
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Limitation : lenteur sur surfaces larges, faisceau focalisé limité.
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5. Échanges d’ions & matériaux sélectifs
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Example : traitement des effluents liquides radioactifs (Cs⁺) avec ferrocyanure Ni (PPFeNi) à La Hague
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Prévue dans les piscines, circuits eau primaire : résines échangeuses d’ions, précipitation, vitrification.
6. Décontamination médicale & interne
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Décontamination cutanée :
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lavage savon doux, eau tiède, essentiel pour contamination externe,
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utilisation de gels osmotiques, Ca-DTPA (pour actinides), Lugol (iode radioactif) asn.fr.
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Exemple salarié EDF à Cruas : particule radioactive détectée sur nuque, mesures d’alarmes et isolement immédiat
Conseils pratiques et retours d’expérience
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Laser : idéal pour suppression précise, pas de déchets, mais attention aux surfaces rugueuses.
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Plasma : très efficace pour actinides, moins répandu commercialement.
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Chimie / sablage : éprouvés, efficaces sur gross volumes, mais nécessite gestion des effluents.
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Décontamination humaine : suivre protocoles médicaux (Ca-DTPA, osmogel, lavage itératif).